Les premiers résultats de la consultation nationale en ligne, présentés par le Chef de l’État à l’ouverture des travaux du Conseil des ministres jeudi dernier, ont suscité de vives critiques sur le fond ainsi qu’au niveau de la forme. Certes, il était un peu tôt pour dévoiler les résultats de la consultation qui a débuté le 15 janvier et qui doit se poursuivre jusqu’au 20 mars et dont l’objectif s’inscrit dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle vision permettant au peuple tunisien d’exprimer librement sa volonté quant à l’avenir politique envisagé par les citoyens.
Mais sur la forme, Saïed aurait commis une erreur de communication, car en faisant une lecture des réponses des citoyens qui ont participé à cette consultation, il aurait utilisés ces premiers éléments pour convaincre le peuple de l’adhésion d’une grande partie de ce dernier à sa nouvelle vision de la vie politique dans le pays. Pourtant, en annonçant le lancement de cette consultation, le Chef de l’État avait prévu la création d’une commission qui sera chargée de réunir les propositions et les idées résultant des consultations en vue de les présenter au mois de juin 2022. En outre, des consultations directes avec les citoyens dans toutes les régions du pays étaient censées se passer concomitamment avec celle en ligne pour consolider les résultats en donnant à une plus grande partie du peuple la possibilité d’exprimer librement ses opinions. Sur ce plan, c’est le président de ladite commission, qui n’a pas encore vu le jour, qui serait la personne appropriée pour annoncer les résultats au fur et à mesure que la consultation avance, dans des points de presse réguliers aux médias.
Il n’empêche qu’au niveau du fond, les critiques fusent sur le nombre de personnes ayant répondu au QCM qui comporte une trentaine de questions. La plateforme qui affiche plus de cent mille Tunisiens, soit près de 1,4% du réservoir électoral, a été jugée insuffisante pour exprimer un avis exhaustif des amendements nécessaires pour changer le système politique et assainir la justice, par exemple.
Or, comparé aux échantillons utilisés dans les sondages d’opinion, et qui ne dépassent pas les quelques centaines mais qui sont saisis au vol par les médias qui les affichent en manchettes, le nombre de citoyens qui ont répondu jusque-là dépasse de loin le seuil utilisé par ces derniers. Les résultats révélés par le Président de la République sont, sur ce plan-là, des indicateurs qui peuvent varier pendant la progression de la consultation mais qui restent, sur le fond, plausibles. Toutefois, pour dissiper tout amalgame pouvant résulter de la présentation des résultats par le Chef de l’État, il est urgent de constituer la commission en charge de dépouiller les réponses des Tunisiens et de lui confier la mission d’en communiquer les résultats.